En Suisse, la formation professionnelle initiale en mode dual fonctionne sur la base d’un subtil équilibre entre les attentes de l’Etat, des entreprises et des jeunes eux-mêmes et il n’est pas usurpé de présenter ce modèle de formation comme une alchimie par laquelle toutes les parties sont gagnantes.
Le jeune qui suit une formation en mode dual pourra plus rapidement intégrer le marché du travail grâce notamment à une très forte proximité entre les acquis et les besoins réels des entreprises. Il existe passablement d’études à ce sujet, mais à un niveau très local Laurent Feuz et Compas Management Services ont montré dans un rapport destiné aux autorités qu’une formation en mode dual débouche sur une recherche d’emploi qui dure en moyenne 1.6 mois alors que ce temps s’élève à 3.5 mois pour les jeunes issus d’une formation aboutissant au même titre, mais obtenu en école à plein temps. De plus, les diplômé.e.s en école à plein temps sont plus nombreux et nombreuses à avoir connu le chômage depuis l’obtention de leur titre, soit 33.8% contre 26.2% pour les porteurs d’un titre dual.
Pour l’Etat, le gain est non seulement financier puisqu’une bonne partie de la formation est prise en charge par les entreprises (en 2016/2017 pour la Suisse, le coût brut pour les entreprises s’est monté à 5 milliards de francs suisses), mais aussi social puisque l’intégration est meilleure et que les coûts de l’exclusion en sont réduits.
Du côté des entreprises, le gain économique est évident pour une grande majorité des métiers. Si les entreprises formatrices contestent parfois cette évidence en arguant que de former des jeunes représente forcément un coût, elles oublient que progressivement à travers sa formation, la personne en formation pourra effectuer des tâches effectuées autrement par de la main d’œuvre qualifiée… à un salaire plus élevé. La force du système de formation professionnelle en Suisse réside d’ailleurs dans la très grande proximité entre les plans de formation et le besoin en main d’œuvre des entreprises. Il est intéressant de noter que dans des professions comme celle de peintre par exemple, les entreprises estiment que seulement une douzaine de pourcent du plan de formation n’est pas absolument requise. Cette proximité fait que la personne en formation a tendance à être rapidement productive et finalement représenter un bénéfice économique pour l’entreprise.

Lorsque sur l’ensemble de la formation, une profession ne dégage pas de bénéfice, les entreprises peuvent compter sur les produits d’opportunité à l’embauche dans la mesure où elles peuvent renoncer en partie aux frais occasionnés par le recrutement de la main-d’œuvre sur le marché externe et son intégration dans l’entreprise.
En résumé, il ne fait aucun doute que la formation professionnelle en mode dual est un modèle où toutes les parties sont gagnantes du point de vue économique, mais sont surtout gagnantes en termes d’intégration sur le marché du travail, ce qui demeure un défi de taille auquel toutes les sociétés doivent faire face.
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