Si l’on excepte quelques régions du monde dans lesquelles la formation professionnelle en mode dual (l’apprentissage) a une longue histoire derrière elle, il n’est pas abusif d’affirmer que cette formation souffre d’un véritable déficit d’image aux yeux de la société en regard des filières académiques et est souvent reléguée à une solution affreusement appelée « voie de garage ». La « voie de garage » est certes une appellation hideuse, mais elle représente tout à fait la représentation qui prévaut dans la population. C’est une voie dans laquelle l’individu est parqué et rangé ; une voie qui n’a d’autres issues que le seul mur qui se trouve au fond… du garage.
Fort heureusement, plusieurs évolutions du paysage de la formation et de l’emploi n’ont eu de cesse de faire mentir cet adage de sorte que l’individu ne se sente pas « rangé », mais se sente non seulement – lorsqu’il suit une formation professionnelle en mode dual – aux portes de l’emploi et de l’insertion véritable dans la société, mais aussi en cours de route vers des qualifications supplémentaires qui pourront mener aux certifications les plus élevées (en référence à la représentation populaire). A cette évolution s’ajoute l’évidence que la formation académique ne garantit de loin plus l’accès rapide au travail et encore moins à la notoriété.
En ce sens, un aspect important du système éducatif suisse réside dans sa perméabilité presque totale entre les différentes filières. Quoi que vous choisissiez de faire après l’école obligatoire en tant que jeune, toutes les possibilités de formation et de carrière seront toujours disponibles. Si la plupart des jeunes choisissent d’entrer sur le marché du travail après leur apprentissage, ils ont toujours la possibilité de poursuivre leurs études et de suivre une formation par la suite. La voie habituelle consiste à acquérir une qualification supplémentaire axée sur la pratique au niveau supérieur par le biais d’une formation professionnelle. Ces qualifications suivent la même philosophie que la formation en mode dual et elles sont acquises à temps partiel. Elles préparent les jeunes professionnels à des tâches spécialisées et/ou managériales. Elles sont une source essentielle de main-d’œuvre très précieuse pour les entreprises.
Une autre voie possible est l’acquisition d’une Maturité Professionnelle après l’apprentissage. Les titulaires de cette qualification ont le droit de s’inscrire dans une Haute Ecole Spécialisée et même dans une Université ou une Ecole Polytechnique s’ils effectuent une passerelle d’une année.
Chaque pays qui souhaite promouvoir la formation professionnelle en mode dual se doit absolument d’inclure cette notion de perméabilité dans sa réflexion pour attirer des talents et permettre que de belles expériences de vie professionnelle puissent être mises en évidence pour contribuer à promouvoir le système. Il y a quelque chose du cercle vertueux.
Encore une fois, il n’y a aucune qualification sans issue dans le système et cette perméabilité contribue grandement à l’attractivité de la formation professionnelle en mode dual, également pour les étudiants talentueux.
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